01 DOLE MARC DIJON, l’exposition médiatique de M6 vous montrant acheter vos pierres précieuses en Colombie au milieu de types peu recommandables vous a-t-elle été profitable ? Je mentirais en affirmant le contraire. Le reportage de M6 a été rediffusé plusieurs fois puisqu’il fut repris par d’autres chaînes. Il arrive que l’on me reconnaisse dans la rue, et pas seulement en France. Cela m’a permis de gagner quelques clients supplémentaires. Cela dit, ce n’était pas pour moi le seul objectif. Je voulais surtout montrer au public comment je travaille. De quelle façon j’achète ces pierres précieuses qui terminent sur ces bijoux qui font souvent rêver…

Justement, c’est cette curiosité qui vous a donné l’envie de devenir négociant, alors que vous n’étiez pas vraiment dans la place il y a une vingtaine d’années… Oui, puisque avant de devenir négociant, je travaillais dans la parfumerie et le maquillage. Et c’est un jour, en voulant acheter une pierre pour ma femme que j’ai eu envie d’en savoir plus sur les pierres précieuses, sans passer par un bijoutier. Je me suis inscris à l’école de gemmologie d’Anvers à 34 ans (NDLR : il en a aujourd’hui 53). Puis je suis allé en Asie pour connaître la culture de la pierre, ses secrets, essayer aussi de savoir pourquoi personne ne voulait vraiment en parler.

01 MARC DOLE Depuis que vos voyages défilent, avez-vous trouvé la réponse à cette quête du savoir ? Je ne cesse d’apprendre. A chacun de mes voyages, j’ai pu me rendre compte que la façon d’acheter des pierres est différente, que l’on se trouve au Sri Lanka, en Inde ou en Colombie. Ou en Birmanie, où je vais bientôt me rendre pour travailler sur de nouvelles mines. Je me suis déjà fait arnaquer en me faisant refiler des fausses pierres. Cela fait partie de l’apprentissage… Tout change selon les pays. La façon de tenir les pierres peut permettre de gagner la confiance, les coutumes, la façon de se comporter. Dans tous les cas, il faut observer, écouter et ne pas se comporter en donneur de leçons. L’achat d’une pierre est un jeu entre l’acheteur et le vendeur.

DOLE MARC DIJON Même quand vous ne parlez pas la langue, comme en Colombie ? Oui. On se débrouille avec des gestes, quelques mots, le regard parfois. La communication peut-être muette. Et vous ne travaillez avec aucun intermédiaire… (Catégorique). Non. J’achète pierre par pierre. Je maîtrise mieux les choses en travaillant seul. En sachant qu’il n’existe pas de cours officiel de la pierre précieuse, mais seulement un cours virtuel entre marchands, dont les variations dépendant de la personne que l’on a en face de soit, du pays où l’on se trouve. Et comme je ne recherche que des pierres d’exception, je suis forcément très attentif lors des négociations. Car tout ce que j’achète est destiné aux particuliers, auxquels j’explique la provenance, la qualité, le prix…

N’avez-vous pas l’impression de prendre parfois des risques vraiment insensés ? Je passe peut-être pour un aventurier aux yeux de certains. Mais je ne fais que vivre ma passion, qui me permet aussi d’approcher différentes cultures. Je ne suis pas inconscient. Et ce n’est pas de ma faute si les plus belles pierres se trouvent au fond des mines de pays comme la Colombie pour les émeraudes, la Birmanie pour les rubis ou le Sri Lanka pour les saphirs. Alors oui, il m’arrive d’avoir peur, d’être envahi par le stress dans certaines situations. Le risque existe, et je ne le banalise pas. De la à dire que c’est une profession dangereuse… Il faut simplement respecter les règles. Lors d’une transaction, je ne montre jamais mes sentiments. L’effet miroir compte beaucoup.

01 MARC DOLE DIJON Comment votre attitude disons « ouverte » est-elle perçue dans votre profession ? C’est un milieu individualiste, et les réactions sont variées. Mais je n’y attache pas plus d’importance que cela. Chacun agit comme il veut. J’ai simplement envie de parler de ce que je fais et de l’expliquer aux consommateurs qui viennent acheter chez moi, dans ma boutique. J’ai développé un concept de vente qui permettra au client de trouver la pierre qu’il souhaite, et je vais ouvrir prochainement un magasin à Dijon et un autre à Florence, en Italie. Je privilégie simplement le rapport entre l’acheteur que je suis et le consommateur. Et sans intermédiaires…